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Symbolique

des arcanes majeurs

Les textes rédigés sont issus d'un travail collectif de Mika Hel, Alexandre et Sandrine

Le Bateleur

I

Le Bateleur
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Bien campé devant sa table, le Bateleur semble attendre le premier qui passera par là, pour lui proposer... quoi, au fait ? Un tour de passe-passe ? Une simple partie de dés ? Ou encore quelques bonnes paroles ?

Premier du jeu, à l’image de la première lettre de l’alphabet hébreu, l’aleph, dont il a d’ailleurs la forme, il nous attend au début de notre voyage initiatique dans ce merveilleux livre d'images qu'est le Tarot et l'intellectuel Roger Caillois dira de lui, dans sa préface au Tarot des imagiers d'Oswald Wirth : “La première lame, le Bateleur, qui rappelle le célèbre tableau de Jérôme Bosch, L'Escamoteur, appartient également au répertoire des allégories du temps. Elle commande tout le jeu. Sur la table du Baladin, les accessoires qu'il a tirés de son sac, joints à la baguette qu'il brandit, renvoient, semble-t-il, aux quatre enseignes des cartes de points : des pièces pour les deniers, un gobelet pour les coupes, un couteau pour les épées, la baguette pour les bâtons. Au centre, les dés, pour que le joueur ou le consultant n'oublient pas que la distribution des cartes dépend du sort.”

Nous dirons, à titre personnel, que nous ne partageons pas l'idée de sort pris comme l'équivalent d'un quelconque hasard. En tout cas, pas dans le cas d'un tirage relevant d'une consultation par rapport à une question précise. Ainsi que nous l'avons dit, nous considérons qu'un tel tirage offre une sorte de photographie d'une situation présente, du point de vue surnaturel. Exactement comme si l'on prenait en photo quelques mots du Plan divin.

Si l’on devait accorder au Bateleur une vertu, parmi celles que définit Aristote, ce serait certainement l’enjouement. Il y a, en effet, dans son attitude, comme dans le fait de jongler avec les possibilités, une notion de jeu et d’amusement divin — même si les conséquences sont humainement dramatiques ! qui n’est pas sans rappeler, par exemple, la danse de Shiva. Il y a toujours, au commencement de tout projet, l’enthousiasme des débuts, d’une énergie nouvelle… Attention, toutefois, que le jeu ne soit pas qu’une astuce de beau parleur, s’amusant de la crédulité de son auditoire.

Maniant avec dextérité le denier réceptif et le bâton actif, pourvu d'une coupe et d'un couteau pour les Epées, nous constatons donc que notre Bateleur possède, sur sa table, les quatre familles d'Arcanes mineurs... Mais est-ce bien tout ? En effet, si nous nous penchons de plus près sur les trois dés de la version de Jodorowski, nous pouvons remarquer que chacun d'entre eux offre les chiffres 1, 2 et 4, soit 7. Or, 3 x 7 font 21, soit la valeur de la Lame du Monde... Avant que tout ne recommence par le personnage du Mât. N'est-ce pas lui, d'ailleurs, que le Bateleur guette et attend ? Car, étant à l'entrée de Tout, il est l'origine par excellence et voit le cycle recommencer encore et encore. Du reste, sur ses cheveux, repose un grand chapeau ayant la forme d'un huit couché ou du serpent Ouroboros et représentant l'éternité, l'infini... l'éternel recommencement.

La table du Bateleur a trois pieds, et il est naturel de penser que le quatrième se trouve en dehors de la carte, comme une invitation à aller plus loin, à chercher en-dehors du cadre visible.

Quant au nombre Un qui le représente dans le jeu, nous savons depuis fort longtemps, et Plotin, pour ne parler que de lui, a suffisamment écrit là-dessus, qu'il signifie Dieu, Indivisible dans son essence, puisque principe et fin de toute chose.

Point de repère, à la fois point de départ et point final, le Un contient en lui la dualité qu'il appelle nécessairement, et Pythagore lui-même a relevé ce point dans une de ces plus célèbres — et fascinantes — sentences : "Le Commencement est la moitié du Tout."... Est-ce pour cette raison que le Bateleur a ses deux mains occupées ?

Nous voyons donc à quel point il serait faux de croire que le Bateleur manipule et joue avec des riens. En effet, il met en place, sur sa table, les éléments nécessaires à la poursuite des opérations initiatiques.

C'est pourquoi nous aurions grand tort de le considérer comme un vulgaire marchand de foire. Au contraire, arrêtons-nous un moment à sa table et écoutons ce qu'il a à nous dire, à nous apprendre sur nous-mêmes. Il nous offre les objets, accessoires et enseignements pour continuer notre chemin dans les meilleures conditions. Carte du commencement, énergie foncière, les choix que nous allons faire à ce moment-là risquent de déterminer tout le reste.

Car le Bateleur, n'en doutons pas, est là pour nous rappeler que rien ne résiste à l'homme, lorsqu'il sait le vrai et veut le juste.

La Papesse

II

La Papesse
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Drôle de personnage tout de même pour accueillir le profane qu’est le bateleur. Dans un monde où le patriarcat règne c’est tout de même une femme qui est la première et pour cause…

C’est le deuxième arcane, c’est donc la dualité. C’est l’archétype féminin, plus précisément celui de la mère et symbole de l’eau, elle gère donc tous les liquides du corps. De ce fait, elle est largement influencée par la lune, donc a des cycles et des rythmes. Elle marque une deuxième étape.

Elle rappelle que, au second jour de la genèse, s’opéra le partage entre les « eaux du bas » contenant la terre, et les « eaux du haut » qui donneront naissance au firmament. Le monde est ainsi créé et défini en deux plans distincts bien qu’issus d’un même substrat chaotique. Cette lame fait coïncider l’ordre du ciel et l’ordre terrestre.

La papesse est la femme sage ou sage-femme et est donc le premier passage initiatique : naissance accouchement. De ce fait, la Papesse est le symbole de la procréation. A travers ça, elle est la mémoire généalogique, mais elle ne dévoile ses informations qu'à celui qui est prêt à être initié aux secrets de l'inconscient.

Elle représente le passage du monde profane au monde sacré. Le passage entre deux mondes, le réel et l’imaginaire, le conscient et l’inconscient.

C’est la femme prêtresse ou la déesse détenant, sans vouloir les montrer, tous les secrets du monde.

Lorsque l’on détaille la carte certains éléments sont à étudier :

  • Elle montre une certaine austérité, une certaine sévérité, à l’opposé de l’Impératrice qui est plus rieuse et charmeuse.

  • Colonnes présentent derrière le trône et servent de support au voile.

  • Voile = hymen fragile que l’on ne peut franchir sans l’accord de la grande prêtresse. L’être se trouve confronté au voile qu’il doit traverser, voile qui n’est autre que son reflet ou sa projection dans le miroir.

  • Livre des livres « Dies irae » dans lequel tout est contenu et par quoi le Monde sera jugé. Elle détient donc le Savoir (opposé au Pouvoir). Contradiction intérieure de la dualité, éternelle antithèse de l’Existence et de l’Essence. Dans cette logique, la Papesse guide la personne à la recherche de son individualité. Elle ouvre la voie. Elle invite à un retour sur soi, une remise en question dans un espace concentré où l’être se retrouve face à lui-même où il prend alors conscience de la dualité : dans le monde (bien / mal), dans la matière qui le constitue (positif / négatif) et aussi dans son être propre.

  • Parfois 2 clés pour comprendre le livre : l’une d’or-solaire (raison) l’autre d’argent-lunaire (intuition).

 

Elle représente un enrichissement de la pensée pour qui fait un effort (il s’agit de déplacer le moi vers la zone d’incertitude et d’inconnu là où il perd les références du quotidien), la révélation des choses cachées, la discrétion ou les intentions cachées. Elle est sagesse, richesse, stabilité, réserve, l’inertie nécessaire ou nuisible.

Les mots clés sont foi, connaissance, patience, sanctuaire, fidélité, pureté, solitude, silence, sévérité, matriarcat, rigueur, gestation, virginité, froid, résignation...

Le chiffre 3 est la première créature résultant de l'union du 1 et du 2 ; c'est la première figure fermée constituant un plan et, comme forme, il correspond évidemment au triangle. En tant que troisième carte du Tarot, l'Impératrice clôture donc le premier ternaire du jeu.

C'est l'évolution majeure apportée par cette carte qui, avant tout, représente le mouvement, la création, le pas en avant.

Là où le Bateleur exprimait l'action et la Papesse la conscience, l'Impératrice propose l'action en conscience, autrement dit, la volonté et l'action. A partir du 3, l'esprit prend corps et on agit. Elle porte sceptre et blason, pour dominer la création, de façon réelle ou imaginaire.

En effet, l'Impératrice, pleine de fougue adolescente, de séduction et de force vitale, tient un aigle, symbole de l'esprit, dont une aile, chez Jodorowsky, se trouve à l'état de moignon. Il est signifié par ce moyen que l'Impératrice, pleine de ressources, est l'activité certes débordante, mais sans expérience. C'est une carte très jeune et spontanée, située au début du Tarot, et il va lui falloir acquérir du savoir pour faire fructifier son potentiel.

Faire, agir, amène l'idée de la génération, de la corporification : le corps de l'Impératrice, qui occupe toute la lame, est important. Il évoque la puberté, la découverte du désir et la croissance. Sa franchise se manifeste en ce qu'elle se montre de face, entre rigidité hiératique et sérénité souriante.

Papus fait correspondre cette lame avec Vénus-Uranie, l'amour céleste, née radieuse des sombres flots de l'océan chaotique, symbolisé par la Papesse, personnage chtonien. Elle est l'épi doré qui succède à la graine.
L'Impératrice est une souveraine rayonnante de clarté et figure l'intelligence créatrice. Elle est aussi extravertie que la Papesse était introvertie.

La forme du sceptre qu'elle tient dans sa main gauche a d'ailleurs, dans certains jeux, la forme du symbole de Vénus. Dans le Tarot de Marseille, il s'agit d'un globe avec une croix latine, l'orbe impérial, qui détermine la puissance royale et fixe les forces spirituelles dans la matière.

La lettre hébraïque ghimel, dont dépend l'Impératrice, évoque, graphiquement, la main de l'homme à demi fermée et donc l'action de prendre, ce qui est à la fois agir et manifester son appétit juvénile. En Kabbale, on l'assimile à la séphirah Binah, c'est-à-dire l'intelligence. Il faut regarder également la forme de la couronne, à 12 pointes ou étoiles chez certains auteurs, pour indiquer la diffusion du principe animateur à travers le zodiaque.

Oswald Wirth l'assimile au signe de la Vierge, ou "Erigone, la fille du bouvier", ce qui fait aussi penser, naturellement, à la déesse Diane.

L'Impératrice

III

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L'Impératrice

L'Empereur
IIII

L'Empereur
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Après la joyeuse effervescence qui entoure l'Impératrice, comme une jeune force qui s'ébroue au milieu du champ des possibles, l'Empereur apporte son 4 comme une première tentative de stabiliser et structurer un peu tout cela.

En ce début de parcours sur le long chemin initiatique du Tarot, il se propose de faire le point sur les acquis de cette première expérience de vie. En effet, l'Empereur marque le fait que nous commençons à posséder certaines compétences, comme autant de bases pour construire la suite du voyage.

Il est donc une étape particulièrement importante, car si les bases sont viciées... Tout s'écroulera tôt ou tard !

Du reste, la principale vertu du carré, que l'Empereur incarne, est précisément d'être stable : ses jambes croisées forment en leur milieu un carré blanc, qui confirme son enracinement dans la matière comme dans un raisonnement qui s'efforce d'être rationnel. Sa grande main droite, surdéveloppée, tient fermement le sceptre, donc ce qu'il possède. C'est là sa force, en même temps que sa limite : tourné vers la gauche, l'Empereur veille sur les terres qu'il a réussi à conquérir, comme sur les richesses qu'il a amassées.

Le 4 de l'Empereur, chiffre de bâtisseur, est aussi la base de la Tétraktys pythagoricienne, qui s'élève et nous élève vers l'Unité, ce qui nous rappelle que, si un Homme peut être Roi de quelque chose, ce n'est qu'en tant qu'il reste en adéquation avec le Divin en accomplissant ses Lois : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" et "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu". Ceci doit empêcher notre Empereur, que guette le manque d'imagination, de tomber dans l'excès de matérialisme et de devenir une sorte de tyran domestique, faisant payer à ses proches son manque de spiritualité qui le maintient rivé au plancher des vaches.

C'est pourquoi l'Empereur doit veiller à ce que son 4, de base, ne devienne une boîte qui ne serait que le cercueil de son âme déçue, le cercueil de son évolution qu'il aura enterrée en ne préparant pas sa nécessaire évolution vers le 5.

D'ailleurs, remarquons que la lettre hébraïque à laquelle il est lié, Daleth, tire son nom de deleth, qui signifie la porte, base 4 portée sur le plan vertical, par laquelle l'Empereur devra nécessairement passer, bien qu'elle soit parfois étroite ou particulièrement basse, pour accéder au plan supérieur promis par le 5: "C'est là la Porte, les Juste entreront par elle." (Psaume 117).

Le Pape
V

Le Pape
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Lorsque l'Empereur opère sa nécessaire évolution, il se retourne et regarde à présent Le Pape, qui amène l'individu, pour la première fois, à un niveau de conscience réellement supérieur.
Le Pape est considéré comme étant lié à la lettre hébraïque Hé, de valeur numérique 5, qui démontre toute existence évidente (l'existence de Dieu, par exemple).
5, qui est aussi le chiffre de l'Homme (nous avons 5 sens. Notre corps possède 4 membres plus la tête. Nos jambes et nos bras sont eux-mêmes pourvus de 5 extrémités, tandis que la tête possède 5 ouvertures. Enfin, l'Homme s'accomplit en l'Incarnation de Jésus-Christ, en qui se gravent 5 Plaies). En effet, tant que nous ne réalisons pas notre passage par le 5, notre personne existe, certes mais elle n'est pas accomplie.
Aussi, avec le Pape nous voyons, pour la première fois dans la série des Arcanes, un personnage qui n'est pas seul. Il donne le pouvoir, non plus de parler à soi-même ou à Dieu, mais aux autres. D'exercer une influence en prêchant, mais aussi de marquer notre besoin de rencontrer un guide spirituel. Il s'agit d'un Arcane où la communication, la transmission (positive ou négative) joue un grand rôle.
Qu'attendez-vous de la spiritualité, des religions ?... Savoir se positionner là-dessus fait vraiment partie du processus de maturité d'une personne. Si j'ai un tel rejet de la religion, sans raison particulière, cela vaut peut-être la peine de se demander, à la suite de Jung, si le problème vient vraiment du fait religieux en soi, ou de mes rapports avec mon père...
Demandons-nous aussi où nous en sommes avec ce personnage du religieux, du directeur spirituel — en un mot, du gourou, pas toujours dans le vrai et bon sens du terme. Nous avons vu que le Pape marque le moment où je peux exercer un ascendant sur les autres, mais entraînons-nous dès maintenant à retourner la question : qui dois-je écouter et pourquoi ?
Bref, que faut-il régler ici ? Mes options religieuses et ce que cela implique moralement. De même, avant de faire un choix personnel ou professionnel, être sûr qu'il n'ira jamais à l'encontre de mes choix spirituels. Car la joie de l'Homme est d'accomplir la Volonté de Dieu en s'ouvrant (ma base 4 s'élève vers le Un, formant — ô surprise ! — une pyramide), en écoutant sa voix en nous ; la rébellion, qui revient à chercher la solution en se regardant le nombril, reste une attitude stérile, pouvant dégénérer en suicide spirituel.

L'Amoureux
VI

L'Amoureux
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Où vous positionnez-vous sur la carte ? Êtes vous l’amoureux ? La femme de droite belle et jeune ? La femme de gauche mature et d’un bon niveau social ? L’ange qui s’apprête à décocher une flèche d’or ou de plomb ?

Cette carte nous parle de choix, notre Amoureux est bien indécis sur la femme à choisir, sa position nous le montre, le regard vers la gauche, le corps orienté vers la droite et les pieds en ouverture dirigés vers chacune des deux femmes.

Mais par son intitulé, l’Amoureux nous confronte à l’Amour, ce jeune homme aime et ses décisions doivent passer par le cœur bien que la sexualité n’en soit pas exclue !

Il ne faut pas oublier ce petit Cupidon, parfois bien taquin, qui montre que l’Amour est parfois surprenant et que l’humain ne maîtrise pas toujours ses attirances. D’ailleurs en quoi est la flèche ? En or pour inviter à l’amour ou en plomb pour inspirer le dégoût ?

C’est la première carte depuis que nous avons commencé le cycle du tarot où nous voyons plusieurs personnages actifs, les moinillons de l’arcane du Pape restent des réceptacles aux paroles du pontife. Ici, il existe une interaction qui nous dévoile une autre symbolique de la carte : c’est la notion de sociabilité, de goût pour les relations interpersonnelles, avec un côté de plaisir, de jovialité et même de bonheur. On apprécie la compagnie de notre Amoureux, il est aimable, c'est-à-dire que l’on peut l’aimer !

En fait, cette carte nous montre comment le Bateleur a évolué, il a appris par son parcours les leçons de la Papesse, l’inspiration de l’Impératrice, la construction de l’Empereur et l’importance d’être relié au divin avec le Pape, maintenant il est transformé et fort de tous ces apprentissages, il doit commencer à prendre sa vie en main en prenant la bonne direction. Mais dans ce choix apparent de deux options, n’y aurait-il pas une autre possibilité ? Une troisième voie ?

Le Chariot
VII

Le Chariot
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Le Chariot, engagé sur les routes, est lancé à pleine vitesse dans le monde ! Il agit. Oui, mais comment ? Ai-je besoin de beaucoup sortir, de me dépenser, ou pas ? Et si oui, pourquoi ? Et si non ?

Il aura besoin de se rendre compte que ce qui est juste n'est pas nécessairement ce qui satisfait sa volonté et justifie ses actes.

Est-ce que je veux voyager ou pas ? Suis-je introverti ou extraverti ? Ai-je réfléchi sur les raisons de ma timidité ? Sur mon besoin de me faire remarquer à tout prix ?

Suis-je partageur ? Puis-je faire des concessions ? Suis-je individualiste ? Puis-je renoncer à quelque chose si un proche me le demande, alors que cela gêne mes intérêts et freine ma progression sociale ? D'ailleurs, que suis-je prêt à faire, ou pas, pour avancer dans la vie ?

Selon un autre point de vue, le Chariot accomplit le premier septénaire du Tarot, ce qui lui confère une importance particulière. Pour pouvoir évoluer, il faut que ce 7 ne cède pas à la tentation d’agir pour agir, mais garde les yeux au Ciel. Après tout, si le septième jour de la Création est celui du « repos » de Dieu, il signifie surtout l’agir efficace et accompli : Dieu se repose parce que l’œuvre est organisée, vivante et se meut seule.

Cette domination de l’intelligence sur la matière est une des conditions essentielles pour que le Chariot puisse continuer sa route sur le bon chemin.

Si l’on veut lier cet Arcane à une lettre hébraïque, c’est de Zayin qu’il s’agit. De valeur 7, son nom signifie «arme», «flèche», «javelot» ce qui correspond à sa forme et exprime l’idée de tout ce qui tend vers un but. On retrouve donc le travail que le Chariot doit effectuer sur lui-même : ne pas se perdre en route, sous peine de voir son action devenir égoïste, voire violente ou destructrice... Moins par préméditation que par maladresse, d’ailleurs.

Son symbolisme évoque donc Phaéton, le char du Soleil, dans son cycle diurne, et son voyage par-delà la rivière des enfers, limite des jours et de la nuit. Ce voyage, qui commence au jour, se termine à la nuit puis recommence, ne s’achève que par la maîtrise du mouvement, de son agir. Mais, si l’inexpérience et la fougue de l’individu lui font perdre le contrôle et que les chevaux s’emballent...

Dans un tirage : Hyperactivité ; Individualisme ; Agir concrètement dans le monde ; Déplacement ; Violence ; Personnalité extravertie ; Amant ; Messager ; Médias ; Litiges ; Succès ; Conduire et maîtriser ses énergies ; Fuite en avant ; Construction de l'ego.

La Justice
VIII

La Justice
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Ah ! Enfin un peu d’ordre dans tout ce chaos ! Ami arpenteur des arcanes du Tarot, me voici sur ton chemin. La Justice : combien la réclament mais combien la désirent ? Me voici dressée devant toi, siégeant le corps bien droit, vêtue à l’antique mode, sans bandeau, te scrutant droit dans les yeux. Une balance à la main et une épée dans l’autre. Une belle symétrie, diras-tu, qui rompt avec tous les déséquilibres apparents que tu as pu observer dans les autres arcanes. Ne te fie jamais aux apparences, surtout dans l’univers symbolique du Tarot. Je suis la loi, celle des hommes, mais je représente toutes celles sans lesquelles la création n’existerait pas, aussi bien dans le visible que dans l’immatériel. Au commencement, j’étais là. Regarde bien attentivement le chiffre qui m’annonce : le huit. Dessine-le et penche ta tête, telle une balance, et de n’importe quel côté et tu liras le signe de l’infini. Macrocosme et microcosme, le grand équilibre est là. Sans moi, la table du bateleur ne tiendrait pas sur ses trois pieds visibles, et que feraient les roues dissymétriques du Chariot, pour conduire le soufre et le mercure dans une direction unifiée ? Pose-toi la question à chaque arcane que tu visiteras, et tu comprendras que l’ordre numérique des images qui se présenteront à toi, n’est pas forcément celui que tu crois lire.

Épouse mes principes et tes raisonnements seront structurés, ta parole mesurée, et tes actes équilibrés. Ne suis pas le diable grimaçant, s’amusant à me parodier avec son épée sans pommeau ni garde (il déteste tout ce qui prend la forme d’une croix) et qui est source d’excès de toute sorte.

Suis l’exemple de mon arme, qui tranche sans hésiter, mais qui se dresse avec rectitude, donnant l’exemple de la droiture en puisant son énergie, telle une antenne, vers l’univers infini.

L'Hermite
VIIII

L'Hermite
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Entre le 8 et le 10, il nous faut revêtir la robe de bure et, comme L'Hermite (VIIII) — qui s'écrit avec un H dans beaucoup de Jeux de Marseille (en rapport avec Hermès ?) —renoncer à une partie de nous-mêmes, notre orgueil et notre volonté de tout contrôler et prendre un « coup de vieux spirituel » (il semble que l'Hermite soit le personnage le plus vieux, en tout cas le plus humble, depuis le début du Tarot). Il nous faut partir en recherche...

Le 9 est le dernier nombre avant de passer à « autre chose ». Il constitue une sorte de seuil, mais il est aussi comme « encodé » dans la construction de notre monde ; aussi, son étude permet d'en révéler certains secrets. On le trouve naturellement dans les 360° du cercle (3+6+0), mais aussi dans 180°, 90°, 45°, 22.5°... Et ainsi jusqu'à la limite de nos possibilités de calcul ! Enfin, il y a 1440 minutes dans un jour, mais la ROTA du temps ne s'arrête pas là, car on y trouve également 86400 secondes. Dans une semaine, il y a 10080 minutes et 525600 dans une année. Bien entendu, l'addition de tout cela fait toujours 9.

L’Hermite est au centre de ces questionnements sur l’ordre du monde, mais aussi sur notre morale et notre éthique, pas toujours dépendantes de mon confort, et s’interroge : suis-je capable d'un engagement pour une cause qui me dépasse totalement ? Puis-je envisager, en me regardant dans la glace, de tout abandonner un jour pour suivre Dieu ? Ou combattre pour mon pays ? Suis-je, dans l'âme, un engagé ou un déserteur ? Puis-je me mettre en danger pour une cause ? Renoncer à tout ce que je possède et me lancer, alors que mon pas est hésitant et le succès plus qu'incertain ? Dois-je espérer pour entreprendre et réussir pour persévérer ? D'ailleurs, existe-t-il seulement, ce succès ? Quel est le plus important ? Le but que je me propose d'atteindre ou bien le chemin que je vais parcourir pour y arriver, avec tous les enseignements qu'il contient ?

Si l’on veut lier cet Arcane à une lettre hébraïque, c’est de Teth qu’il s’agit. De valeur 9, son nom signifie «serpent», ce qui correspond à sa forme et exprime l’idée de tout ce qui recouvre, enveloppe, protège. On retrouve donc le travail que le L’Hermite doit effectuer sur lui-même, par les idées de protection, d’isolement, de revêtement préservatif et, par suite, les idées opposées de purification et de souillure. L’Hermite n’est pas un Arcane intellectuel : il agit, cherche, tâtonne, essaie de mettre un peu de lumière dans les ténèbres qui l’environnent. S’il avait compris, il ne serait pas en errance : il s’arrêtera quand viendra le moment de la mue vers le 10...

Dans un tirage : Recherche, Dénuement, Doute, Errance, Méconnaissance de soi, Vieillesse, Pèlerinage, Chasteté, Hiver, Père absent, Saturne, Maître caché, Amour désintéressé, Marcher à reculons, Prudence, Frayeurs irraisonnées, Raison et foi, Imposteur.

La Roue de Fortune
X

La Roue de Fortune
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Quel est le plus important ? Le but que je me propose d'atteindre ou bien le chemin que je vais parcourir pour y arriver, avec tous les enseignements qu'il contient ? 

Voilà qui doit nous amener à accepter que le cours de notre vie dépende, in fine, de la Providence divine. C'est-à-dire de quelque chose que nous ne maîtrisons absolument pas : La Roue de Fortune (X), qu'aucune main humaine, en tout cas visible, ne vient actionner, mais qui permet l'évolution de celui qui est fort (Fortun, l'intitule l'Arcane Dodal... Fort-Un ?), peut-être dans le sens que donne Saint Augustin dans Enseigner le christianisme : « (...) la fermeté, où il a faim et soif de justice. Ce sentiment l'arrache à l'agrément mortel qui nous lie aux choses éphémères (...) ».

Sinon, le refus des événements entraîne une crispation égotiste sur ce que nous aurions voulu qu’il arrivât... Or, nous savons très bien que la vie, c’est ce qui advient réellement pendant que nous faisons d’autres plans, que nous rêvons...

Comprendre... que les choses me dépassent parfois. Que la vie, c'est ce qui arrive, là, à l'instant et que je ne risquais pas de prévoir, occupé que j'étais à faire des plans sur la comète. Savoir accueillir l'imprévu, voire le non-désiré, et m'adapter. Peut-être même en faire une occasion pour avancer, explorer d'autres pistes, me réinventer.
Comment pourrais-je accueillir la fermeture de mon entreprise ? L'accident de mon conjoint, qui le laisse handicapé et à ma charge ? La naissance d'un enfant malade ?
Mais aussi la fortune subite ?... Quitterais-je mes proches ?
Il est bon de savoir gérer l'inattendu et pour cela, pas de secret : mieux on se connaît, mieux on y parvient.

La foi dans l’harmonie universelle nous aide à comprendre le fonctionnement de cette Roue, mue par la Providence : élevant les uns, abaissants les autres, sans qu’ils en comprennent la raison ; ce qui fait le triomphe du Sage qui comprend au contraire cette solidarité des êtres et des choses et l’action providentielle dans la nature.

Si l’on veut lier cet Arcane à une lettre hébraïque, c’est de Iod qu’il s’agit. De valeur 10, son nom vient de Iad et signifie « main », ce qui correspond à la toute-puissance manifestée ; le doigt de Dieu et celui de l’Homme, le signe de la durée intellectuelle et de l’éternité.

Cet Arcane est tellement important que certains chercheurs y ont vu une véritable clef de compréhension de tout le Tarot, en vertu de l’analogie TARO/ROTA.

Dans un tirage : Temps et durée ; Acceptation de la Providence ; Imprévu ; Incertitude ; Révolte contre le cours des choses ; Fin ou début d'un cycle ; Enigme émotionnelle ; Impasse ; Occasion à saisir ; Cycle hormonal ; Nécessité de changement ; Remue-ménage intérieur.
 

La Force
XI

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La Force

11ème carte, au centre du tarot des arcanes majeurs. C’est une place pivot.

Avec un tel nom peut-être nous aurions imaginé voir un homme du type Hercule. Il n’en est rien, nous rencontrons une frêle jeune femme qui ouvre, sans difficulté, la gueule d’un lion. Elle maîtrise le roi des animaux, qui ne fait qu’un avec elle tant elle le serre contre son ventre. En effet, on a l’impression qu’il émerge d’elle. C’est en fait sa propre violence, toute son énergie qu’elle domine. A l’instar du Chariot, cette lame nous parle de Maîtrise, mais ici ce sont les pulsions, mais aussi la sexualité que l’on devine aisément par la posture du lion.

On est sur deux thèmes récurrents, le lion qui se couche au pied de Sainte Blandine et Sainte-Marthe ou Saint-Georges qui terrassent (mais ne tue pas) le dragon. Car l’important est bien de maîtriser les forces instinctives, primaires afin de mettre leurs grandes énergies au service d’une cause plus haute.

La Force n’a que très peu de décor autour d’elle, ce qui indique qu’elle ne doit compter que sur elle. Il faut avouer que l’on est moins enclin à aider quelqu’un de fort ! Car cette force, même si elle est intérieure, transpire, comme une assurance et une confiance en soi, c’est du moins ainsi que l’entourage la perçoit !

Son chapeau « hors cadre » en forme de lemniscate (symbole de l’infini) lui ouvre des perspectives, elle refuse les limites. Et de ce fait elle se connecte à l’Univers. Elle sert de canal entre le haut et le bas. Pour confirmer ce point, il suffit de regarder le nombre 11 qui dessine là encore un canal, une cheminée. Mais pour que la circulation soit effective, il est nécessaire que le cœur soit ouvert.

La Force est liée à La Roue de Fortune, car pour arrêter les tours de roue qu’impose l’arcane 10, il faut la force intérieure, et c’est la main de la Force qui va cesser le cercle vicieux.

Ne pas oublier que la Force est une des vertus cardinales avec la Justice, la Tempérance et la Prudence.

Alors je vous laisse dompter la bête qui est en vous, en faire votre alliée et vous armer d’une volonté inébranlable !

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